La pluie du printemps ne sait pas mentir..
Ses gouttes sont grosses mais tièdes.
Passé l'effroi de la première ondée, on
sort gaillardement, jambes nues, chercher
des petits gris ou de sombres Bourgogne.
Les ronces, jalouses de tant d'entrain, et
furieuses d'avoir été douchées, nous barrent
le chemin et la peau, si fine de l'obscurité
hivernale, se laisse bientôt prendre au fouet
subit de leurs tiges. Nul amour de part et d'autre.
De la précipitation et de la naĩveté. Et cependant
me reviennent les vers de Ronsard, mon poète de la pluie :
«Quand une ronce en vain enamouree,
Ainsi que moy, du vermeil de ses bras»
et je me plais à voir, dans le sang vif qui perle
de l'égratignure, l'empreinte de douleur que, parfois,
sans le vouloir, mes vers impriment.