mardi 12 juin 2018

Une part de tarte au flan

Il y a longtemps, bien longtemps,
plus d'un demi-siècle, ma mère
sortait avec moi sous la pluie

de Dunkerque. Nous longions le kiosque
à musique et faisions halte dans une
pâtisserie claire aux vitrines remplies.

Invariablement, je choisissais une part 
de tarte au flan que la dame emballait
dans du papier de soie. De là, nous gagnions

un petit café aux murs pavoisés d'écossais.
Ma mère, toute en chignon, rêvait en buvant
un café et en fumant un peu de tabac anglais.

Moi, je sirotais en mordant à pleines dents
dans la part de tarte au flan. Jamais je n'ai
désiré avoir pour moi la tarte tout entière,

comme si je devinais déjà qu'en parts, le plaisir
est meilleur, combinant le désir et la délectation.
Nous repartions alors et la pluie, soudain, cessait.