Le jour, je marche dans les rues,
cueillant de l'anodin le parfum
entêtant. La nuit, dans l'obscurité
sans heure, j'en fais des vers, par
deux ou par trois, en unités brèves,
sans trop m'y attarder. Puis je les
relis, je les relie, les tapotant comme
un jeu de cartes que l'on assemblerait
en sachant parfaitement que, du tapis vert,
il ne connaîtrait jamais le velouté addictif.
Alors je les publie, aux quatre vents, avec
une régularité inégale et je donne à chaque
mot de la langue la pierre qui, à mon sens,
lui fait encore défaut puis mes maisons s'en vont
de par le monde, humbles bateaux de papier.