C'est un petit homme, le cheveux gris et rare,
dans un gilet de laine bleue. Son corps dodeline
doucement. Il est assis à l'un de ces pianos dont
les gares se sont fait le singulier dépositaire.
Jamais il n'arrête de dodeliner et les mélodies
s'enchaînent. «Avec le temps», «Comme d'habitude»,
«l'Arnaque», «Une Histoire d'amour»... Ah le joli
bastringue. Du saloon au caf'conc', il n'y a
qu'un pas que je franchis aisément. Seul.
Les gens courent, se bousculent, le contrôle, illusoire,
continue d'opérer sous des fourches prétendument caudines.
C'est la salle des pas perdus. Il me l'avait fait oublier.