Le printemps est venu, dans l'éclat des bourgeons,
au bras des amoureux qui les frôlent en fredonnant.
Le printemps est venu, en pleine lumière, sur la neige
fondante des glaciers et dans les cocktails andalous.
Mais le printemps tarde, à l'ombre gelée des prisons.
En Castille ou dans la lointaine Allemagne. Les barreaux
épais tranchent, seconde après seconde, les espoirs innocents.
La rue s'échauffe et tourbillonne. On tient à distance les
policiers félons qui foncent dans la foule et rient aux visages
entamés. Un dimanche de braise a réuni les foules. Taisez-vous
donc et laissez-les crier. Les geôles jamais ne s'ouvriront,
à moins que la clameur, brûlante, des barreaux fassent fondre
le métal glacé. Le printemps est venu, l'automne avait menti
et vos frères humains attendent de votre langue qu'elle les délie.