Délaissons, si tu le veux bien,
l'antique voie empierrée, noble
et froide. Ses tumulus herbeux
qui la longent comme autant d'yeux
cyclopéens. Écartons-nous de la route
départementale, du chemin vicinal,
de tous ces lieux communs qui nous
effacent en nous fondant aux autres.
Coupons à travers la garrigue touffue
et ses épineux bas, frottons la toile
qui couvre nos jambes à l'épine drue.
Hasardons-nous en un mot, audacieux
et aimants. Des sentiers neufs naîtront
de nos pas appariés. Nulle carte ne le
situera jamais, sinon l'humble carte
du tendre qui nous lie, nous délie
et nous relie, inlassablement, et que,
le soir venu, nous relirons ensemble.