samedi 17 mars 2018

Sensations en chemin

La main a glissé dans le sac, aveugle,
elle nage et ondoie parmi les granulés
tièdes. 

J'imagine, autrefois, le sable ainsi, que
l'on mêlait à la chaux pour bâtir des murs
de défense ou de contention.

Mais le grain est plus gros, plus complexe,
aussi, plus tendre enfin. Des lentilles ou
des pois cassés. 

Je penche pour les lentilles. La rencontre de
quelques pierres menues me confirme dans cette
hypothèse. 

Alors de quel couleur sont-elles ? Vertes ou
délicatement blondes, orange corail ? Qu'importe.
Jamais je ne les mangerai,

bouillies et offertes, impudiques, dans un cornet
en papier. Je ne suis qu'un voyageur de passage,
fatigué, et qui s'est assis 

à côté de ces légumes secs ensachés. Je me redresse
déjà. Ma main droite est toute poudrée. J'ouvre enfin
les yeux. 

Sa surface est discrètement dorée, mate. Pourquoi pensé-je
aussitôt à Lawrence d'Arabie, Kessel et la Tobrouk d'un taxi
de fantaisie.

Courte sera la route, hasardeux le cheminement, et j'ai
tant faim de ces lieux communs par où, indolent et frileux,
jamais je ne suis passé.