vendredi 23 mars 2018

Hic et nunc

Ici, dans ce train qui avance sous le soleil,
croisant tant de vies sans visage et de maisons
aux volets verts encore clos.

Ici et maintenant, en cette heure exacte où le
printemps prend force. Vivre ce temps avec une
infinie reconnaissance. Rendre grâce à la vie

qui me fait présent de chaque instant et dessine
ton noble visage. Aucune inscription sur le marbre.
Je ne suis pas épigraphe, d'autres me l'ont appris.

Non, tout juste tes doigts sur mon front qui tracent,
malhabiles, le jour et le quantième. L'heure, peut-être
aussi : vendredi vingt-trois mars à neuf heures et

quarante-six minutes, cependant que de Sète, je traverse
le pont de fer oxydé. Sur l'étang, le vent infatigable,
dessine des ridules glacées. Au loin est Balaruc où l'on

accomode, en sauce, d'exquis céphalopodes. Sur ma droite,
tout près de mon austère grand-mère paternelle, se tient Paul
Valéry et ses «cris aigus des filles chatouillées».