Il est un train particulier, harassé
par les allées et venues incessantes
entre Port-Bou et Avignon
et qui, audace suprême, prend le temps
de lambiner sans pour autant être en
retard. Je prends parfois ce train
et je m'y oublie interminablement,
un volume corné sur la droite et la vue
perdue dans le ciel qui s'efface.
Je m'arrête à Béziers et le quitte d'un pas
menu, le cœur gros, car je pense au jour où,
audace suprême, vers Port-Bou, je m'en irai.
Il fera alors nuit noire et ses roues crisseront
longuement avant de me jeter, sur le quai,
en passager merveilleusement abandonné.