lundi 26 mars 2018

Le train du crépuscule

Il est un train particulier, harassé
par les allées et venues incessantes
entre Port-Bou et Avignon

et qui, audace suprême, prend le temps
de lambiner sans pour autant être en
retard. Je prends parfois ce train

et je m'y oublie interminablement,
un volume corné sur la droite et la vue
perdue dans le ciel qui s'efface.

Je m'arrête à Béziers et le quitte d'un pas 
menu, le cœur gros, car je pense au jour où, 
audace suprême, vers Port-Bou, je m'en irai. 

Il fera alors nuit noire et ses roues crisseront 
longuement avant de me jeter, sur le quai, 
en passager merveilleusement abandonné.