David n'était pas là, le bar vidé
était plus grand et les conversations
sonores. Avec Masami et Olivier, nous parlâmes
de Meiji et du carnaval au moyen-âge.
Une bière et quelques tapas plus tard, tu arrivas
et j'eus l'impression de retrouver le bar de tous les soirs.
Michel, contre le mur, peinait à se relever, porteur de mille
histoires tues. Tu me parlas de Port-Vendres et de Claude,
l'éternel peintre d'un unique paysage. Ta voix s'éraillait parfois
et ton grain de beauté à l'angle de ta paupière gauche souriait.
Tu me parlas de ton amour et de la rencontre qui ne faillit jamais
avoir lieu. Ton angoisse, le paysan tâtonnant dans la gare à la recherche
de l'amie d'une personne entrevue. les paroles allaient trop vite, j'avais
du mal à en fixer la beauté. Ce soir-là j'ai commencé à aimer Cindy que
je n'ai jamais vue et ne verrai peut-être jamais. Un mot s'est imposé que
Valérie a su imprimer en moi par son sourire : impermanence. Merci, Sophie.