jeudi 13 avril 2017

Une pendule

La pendule est sur le buffet.
Chiffres d'un autre âge sur
fond jauni. Le rouge et le noir

s'ignorent, tout comme le tranchant
des aiguilles que le polystyrène
protège. Peu m'importe leur course,

leur chevauchement prévisible et
jamais assouvi. Je n'ai d'ouïe au
pour le tic-tac lancinant, tantôt

proche, tantôt lointain. À la mi-mai,
cela fera trente-deux années qu'il
rythme, tranche à tranche, mes insomnies.

Je lui dois mes vers, mes doux devis et
mes foutues interrogations, je lui dois
les mots que je t'adresse, en ces heures,

cependant qu'au loin, exténuée, tu dors.
Je lui dois mon accent, la dissemblance
de mes voix et les trois langues dans

lesquelles je m'exprime. Tout à l'heure,
mais pas trop tôt, je gagnerai la couche
tiède où, en pensée, je te retrouverai.