à mon frère Alain
Mon cœur est triste, le père s'en est allé.
Mon cœur est triste et le dauphin s'impose.
Ni l'héritier du souverain, ni le compagnon
rutilant des joutes enfantines. Non : le dauphin
de pierre et d'encre, celui des fontaines du midi
et des cartographies antiques. Par lui, immobile,
au regard latéral, l'eau se fait vie et les océans
incertains délimitent des terres à conquérir.
Il me suffit de dire : «Dauphin» et l'imagination
surgit dans mon quotidien de cendre et de sable.
Mon frère et moi avions, sur le rebord de la fenêtre
de notre chambre, à Dunkerque, une ancienne mappemonde
en toile cirée adhésive. Les dauphins y prenaient silencieusement
leurs quartiers, nous invitant aux rêves que nous ne quitterions
jamais.