J'ai pris ma barque légère
et ses lourdes rames et
je m'en suis allé léger
vers le large. Il faisait
frais. Le soleil pointait
au levant et, de part et
d'autre de sa couronne
d'airain, une fine ligne
célébrait les noces du
ciel et de la mer. Perdant
peu à peu mon sourire, sentant
mes joues se creuser et mes
muscles se raidir, j'accélérai
le mouvement. Je ne ramais plus,
je souquais ferme, les yeux
perdus dans cet horizon qu'à
aucun moment je ne vis proche.
Ainsi va la vie qui nous courbe
sur l'ouvrage et jamais ne nous
distrait d'un but louable mais
merveilleusement inaccessible.