à Axel et Michel
Toute ma vie, je les ai vénérées, ces bibliothèques
de briques. Entrepôts, gares, rotondes et dépôts, où
se pressaient des milliers d'employés au service d'un
public qui ne les voyait pas. J'ai grandi dans une
bourgade de bord de mer qui en vivait, les yeux tournés
vers le contrefort rouge que surmontait la gare-frontière.
Et voici que les tags couvrent les entrepôts aux portes
définitivement closes et que les pelleteuses s'affairent
sur les façades des maisons insalubres. Bien sûr, le train
m'emmènera, bien sûr, déjà il m'emmène, dans le confort
de la moquette et des sièges moelleux. Mais je pleure sur
ce monde que j'ai connu vivant et sans qui je n'aurais étudié.