Il dit l'ineffable,
d'un glissement de la
langue sur les alvéoles,
puis des deux lèvres sèches,
à peine serrées comme pour
mieux le retenir un peu.
En son cœur, est la douceur
vocalique, en son terme l'E
muet comme un adieu ou, plutôt,
une promesse de se revoir. Souffle.
Mot sacré, dont je scrute la sinusoĩde
sur l'écran qui couronne mon père.
Le rouge des apnées, soutenu par le
continuum en jaune d'un cœur fatigué
battant la chamade, ne dure guère.
La poitrine se soulève à nouveau et
je revois avec terreur la puissance
sereine des ogres endormis dont
le sommeil, ainsi manifesté, laissait
aux petits malins un temps suffisant pour
dégringoler la tige alambiquée d'un haricot
magique. Souffle, silencieuse incantation
d'un homme parmi d'autres, pour, encore
quelque temps, de la vie retenir la magie.