Tu m'as demandé ce que je serais prêt
à parier pour réaliser mes rêves.
Je t'ai simplement répondu : «Rien»,
un mot plein de vie, à l'inverse du
sens dont on le croit affublé. Le voile
du palais qui force un peu avant de libérer,
nasalisé, un souffle de vie comme un soleil
en petit. Mes rêves sont petits et tendres.
Simples, lisses comme un galet qui tiédit
dans la main où il s'est oublié. Partager
un repas, marcher gravement dans les couloirs
de marbre d'un ancien hôpital moderniste,
prendre à la volée le dernier métro en sachant
que l'eau sera brillante au terme du retour.
Je n'en demande pas plus et déjà mes lèvres
s'ouvrent à cueillir le fruit si longtemps désiré.