mardi 19 février 2019

Un cementiri marí / Un cimetière marin

Al meu pare l'horroritzava la idea del traspàs,
en sentit etimològic, peró l'anaven apassionant
els cementiris fins a convertir-se en una mena

de turista del més enllà. Volia que hi anés. Molt.
M'hi vaig negar rotudament. Una i vàries vegades.
Ara que no el tinc al meu costat, ni des de lluny,

li vull retre homenatge i pujo lentament a un dels
cementiris que estimava. Petitó, protegit dels vents
per parets gruixudes i emblancades. M'hi vaig sentar,

sobre les quatre de la tarda, aclucant els ulls i obrint
l'ànima. Silenci de fons. Remor ritmat d'ones i olor
d'iode i de peixos generosos.

«La mer, la mer toujours recommencée». Vaig obrir els ulls
i la mar em cridà des del petit port de Sète on mon pare
havia passat la seva infantesa. Vaig plorar. Al meu darrere,

Walter Benjamin explicava a Adorno que havia arribat al final
de la seva vida en el petit poble de Port Bou i una llosa
trencada a la sortida recordava la mort d'una nena als nou anys.

***

Mon père était horrifié par l'idée du trépas,
au sens étymologique, mais il était passionné
par les cimetières jusqu'à devenir une sorte

de touriste de l'au-delà. Il voulait que j'y aille. Beaucoup.
Je m'y suis toujours refusé. Et plus d'une fois.
Maintenant qu'il n'est plus à mes côtés, ni même de loin,

je veux lui rendre hommage et je monte lentement vers l'un des
cimetières qu'il aimait. Tout petit, protégé des vents
par des murs épais et blanchis. Je m'y suis assis,

sur les coups de quatre heures, fermant les yeux et ouvrant
mon âme. Silence de fond. Rumeur rythmée de vagues et odeur
d'iode et de poissons généreux.

«La mer, la mer toujours recommencée».  J'ai ouvert les yeux
et la mer m'a appelé depuis le petit port de Sète où mon père
avait passé son enfance. J'ai pleuré. Derrière moi,

Walter Benjamin expliquait à Adorno qu'il était arrivé à la fin
de sa vie dans le petit village de Port-Bou et une plaque
brisée à la sortie rappelait la mort d'une enfant de neuf ans.