L'orage gronde, tourne,
s'en va, revient. Je hume
l'air et me détourne des
rires des voisins attablés.
Tu me manques et je tourne
dans ma tête, dansant sur
les gouttes qui s'abattent
enfin. Plus un bruit de
convive, les sièges ont été
prestement pliés et le barbecue
inutile dispense une vapeur
épaisse comme pour un nouveau
pape. L'envie me prend de t'appeler,
de me blottir dans ta voix, comme
quand, enfants, nous nous protégions
dessous la table familiale. Je sais
que tu ne dors pas et que tu guettes
mes communiqués météorologiques.
Je ris, il y a du théâtre dans nos devis,
un rire franc, une mise en scène qui
s'amorce toujours sur le choix des mots.
Tu es à Avignon, la brasserie ploie sous
l'air liquoreux. Le ciel ne craque pas.
Pas encore du moins, tu tourne la cuillère
à moka dans ton décaféiné qui refroidit. Tu
penses à moi. Je pense à toi. Et le temps n'est
rien à l'aune de nos pensées si fermement unies.