Renouer avec l'insomnie,
chérir le poids sur les
paupières, les doigts gourds.
Se mettre à la table maternelle
tendue de toile cirée jaune et qui
colle aux avant-bras.
Laisser passer quelques minutes,
feindre de s'abîmer dans de futiles
occupations. Se lever d'un bond
et voler, dans le réfrigérateur
inamovible, deux carrés de chocolat
à l'orange que la mère, fidèlement,
réserve. Puis revenir à toi, qui dors,
te rendre hommage dans le cliquetis doux
d'un clavier qui toujours demeure à mon
service, dessinant ton sourire dans la
caresse de mes doigts. En tirer des mots,
puis des vers, comme un hommage à ta voix,
à ton être, et te glisser à l'oreille, après
l'avoir fugacement mordillée, combien, sans
jamais le vouloir, tu m'as profondément changé.