vendredi 18 août 2017

El silenci de ses sargantanes / Le silence des lézards

Al sol, en una paret seca i cremant,
al migdia, o una mica abans, ses sargantanes
s'aturen i gaudeixen des temps sense esperar
res.

Les tenc enveja, sa seva filosofia elemental,
sa consciència que rebutjam sense saber, de fet,
si la tenen. Viuen. Mouen lentament sa cua
prima.

Una forma de consciència, tan honorable com sa
nostra, no pensau? Quan aquí, arran de quitrà,
correm rere uns productes mai satisfactoris,
abans 

de ser envestits per sa bogeria dels homos que
estimen el seu déu molt superior als plors de
ses criatures ferides i des fadrins cecs i
desorientats.

Diuen que, fa segles, sa Rambla de Barcelona era
un torrent que treia sa brutícia per netejar el món
incipient dels humans. Torrent de sang ja seca 
ara 

i que una onada de coca cola prest esborrarà. Llavors
pens en ses sargantanes de sang freda, immòbils per
raonables, molt més humanes que noltros que ploram
sense rumb.

***

Au soleil, sur un muret sec et brûlant,
au zénith ou peu s'en faut, les lézards
s'arrêtent et jouissent du temps sans 
rien attendre.

Je les envie, leur philosophie élémentaire,
leur conscience que nous rejetons sans savoir, en fait,
s'ils en ont une. Ils vivent. Ils bougent lentement leur
fine queue.

Une forme de conscience, aussi honorable que la nôtre,
ne pensez-vous pas ? Quand ici, au ras du bitume,
nous courons derrière des produits qui jamais ne satisfont
avant

d'être renversés par la folie des hommes qui
estiment leur dieu bien supérieur aux pleurs des
petits enfants blessés et des vieillards aveugles et
désorientés.

On dit qu'il y a des siècles, la Rambla de Barcelone était
un torrent qui enlevait la saleté pour nettoyer le monde
balbutiant des humains. Un torrent de sang déjà sec
à présent

et qu'une vague de coca cola effacera bientôt. Alors
je pense aux lézards à sang froid, immobiles car
raisonnables, bien plus humains que nous qui pleurons
sans but.