mardi 1 août 2017

Tes sacs

Pourquoi pensé-je qu'ils étaient deux ?
Parce que tu pars pour deux jours, sans
doute. Tes sacs, clos, t'attendent.

La route sera belle, ils ne disent mot
ni ne se froissent d'ailleurs. Leur toile
est lisse et leurs couleurs chamarrées.

Discrets ambassadeurs des feux de la maison
que tu fermeras, laissant le soleil la jalouser
en en écaillant le bois rouge. Tes sacs ne pensent

pas -en tout cas ils ne m'en ont pipé mot- mais ils
s'y voient déjà dans cet ample coffre de velours noir,
gorgé de petits trésors à venir : fraise, melons, 

tomates que les hasards de la route pourvoiront. Et
quand la nostalgie te prendra, il te suffira de saisir
entre deux doigts l'or du fermoir et de faire aller la

glissière. Avec le pli des vêtements, le moelleux des
onguents, c'est un peu de basilic qui chatouillera tes
yeux, avec mes caresses tendres qui chez toi se ravivent.