«La sécurité et l'aventure»,
m'écrit une amie. Je fais
rouler ces mots en bouche,
comme autrefois les cailloux
de l'orateur devant le vertige
de la parole. Je suis fasciné
mais parviens si peu à les associer
dans mon cheminement. Je cherche un
mot qui les relierait étroitement,
comme, autrefois encore, le sumbolon
des amants séparés. «Audace», c'est cela.
Il me manque l'audace de l'entreprise,
la témérité assumée, encadrée, orientée.
Mes audaces sont petites. Coups de volant
au hasard des jours et des routes.
Je relis les mots de l'amie. Nobles et
équilibrés. Et je comprends enfin pourquoi
j'écris. Pour apaiser le vertige qui me prend
en cueillant les mots de la tribu, les mots
de l'autre, si proches et si distants. Mon
écriture est silence et amour.