Ce fut d'abord un souffle léger
dans une soirée entre amis.
Elle naissait et nous, nous refaisions
le monde. Puis j'appris son prénom,
beau comme les premières lueurs du jour.
Je m'étais promis de fêter sa naissance
par quelques vers. Une amie chère, dans
la confidence, s'émut de mon silence.
Aurais-je oublié ? Mais comment peut-on
négliger Ayumi, la princesse d'un café
tout en courbe ? Non, j'attendais sereinement
de la voir. C'est arrivé, voici quelques
minutes, sur mon écran de lumière. Flanquée
de mes deux compères, toujours aussi larrons
en foire mais comme intimidés, cette fois-ci,
par tant de beauté. Emmaillotée d'ivoire,
couronnée de blancheur, elle entrouvre bouche
et yeux comme pour mieux savourer ce monde
qui s'ouvre à elle. Elle dort et nous entend,
en plusieurs langues, et je pense soudain à sa maman
qui, un jour, sans même y prêter attention, m'apprit
à dire «merci» en japonais. «Arigato, Ayumi», ta présence
est le sourire de la vie en ces premières semaines de
l'année. Et si je te dis «sayonara», n'y crois pas !