mercredi 1 février 2017

AYUMI

Ce fut d'abord un souffle léger
dans une soirée entre amis.

Elle naissait et nous, nous refaisions
le monde. Puis j'appris son prénom,

beau comme les premières lueurs du jour.
Je m'étais promis de fêter sa naissance

par quelques vers. Une amie chère, dans
la confidence, s'émut de mon silence.

Aurais-je oublié ? Mais comment peut-on
négliger Ayumi, la princesse d'un café

tout en courbe ? Non, j'attendais sereinement
de la voir. C'est arrivé, voici quelques

minutes, sur mon écran de lumière. Flanquée
de mes deux compères, toujours aussi larrons

en foire mais comme intimidés, cette fois-ci,
par tant de beauté. Emmaillotée d'ivoire,

couronnée de blancheur, elle entrouvre bouche
et yeux comme pour mieux savourer ce monde

qui s'ouvre à elle. Elle dort et nous entend,
en plusieurs langues, et je pense soudain à sa maman

qui, un jour, sans même y prêter attention, m'apprit
à dire «merci» en japonais. «Arigato, Ayumi», ta présence

est le sourire de la vie en ces premières semaines de
l'année. Et si je te dis «sayonara», n'y crois pas !