vendredi 21 octobre 2016
Dos regals, una mateixa amistat
Un bitllet de loteria prim i un llibre
gruixut. Els dos a tot color i olor.
D'origen i ús distint. No jugo mai
a la loteria però llegeixo molt.
Un home i una dóna me'ls han oferit.
De bon cor. I en observar el bitllet,
olorar i començar a llegir la novel·la,
retrobo mentalment la rialla de la Merche
i el somriure del Màrius. Quins regals
magnífics. Em sento l'home més feliç del
món. I si els meus versos us semblen fats,
és perquè m'he descuidat l'estil i la
voluntat de deixar rastre efímer. Ara el
rastre és seu i la meva gratitud immensa.
jeudi 20 octobre 2016
Le parti-pris du belvédère
On dit que le paysage est né
au XVIe siècle, avec l'individu.
Portion de territoire embrassée
par le regard personnel.
Le belvédère a suivi qui soignait
l'observation en la délimitant.
Une amie très chère m'a dit
qu'elle aimait le mot. Je l'ai
écoutée puis je me suis interrogé.
Comme elle, j'aime les belvédères.
Mais mes belvédères sont intérieurs.
Parodiant le diable boîteux de Lesage,
je me place dans l'angle ombreux
d'un café et je bois la vie alentour.
Conversations d'amies sur fond de jeux
télévisés, vaisselle parsimonieuse
derrière le comptoir. Allées et venues
des clients habituels qui, vieillissants,
y mendient leur salut quotidien.
Tenez, ce soir, à l'heure où les chiens
ont des dents de loup, je me suis assis
dans un quartier oublié de tous
et qui donna pourtant à la France un premier
ministre renégat. Et là, au Quimet, tout contre
les vitrines de mignonnettes dépoussiérées,
j'écoute, regarde, et deviens homme, à petites
lampées. Que serais-je sans ces habitués qui,
sans le savoir, m'ont ouvert les bras ?
Cafeteria Berlin
Són les quatre. «Stand by me»,
sona en italià. Quants anys...
Hi solia venir anys enrere,
com per a prendre-li el pols
a la ciutat. Música, gent,
converses. Pols... Tanta pols
pels carrers i el temps que
m'està despullant l'ànima.
Ganes de viure, senzillament,
com m'ho ofereixen amigues i
amics. D'escriure també,
amb poques exigències. Fixar-me
en la cambrera, la seva rialla,
el seu accent argentí quan
proposa una «tarta de queso»,
abans d'emprendre el camí cap
al vapor de la màquina d'acer
inoxidable. Ja no parla el cambrer.
Escombra amb parsimònia, capcot.
Quantes idees. Em quedaré encara
uns minuts i seguiré el meu camí,
diagonal avall. Capcot? Rai: cap
al Clot per a preparar-hi l'estada
d'una amiga tan preciosa que la ciutat
es nega a prendre-me el pols per a
saludar-la amb sons de cello morat.
mardi 18 octobre 2016
Le phoète i el foeta
J'ai deux amis à l'œil vif. Tinc dos amics de l'ull viu.
L'un est phoète, il voyage Un d'ells és phoète, viatja
entre lune et étangs. entre lluna i estanys.
Cela fait bien des années que Portem anys i panys collint
nous cueillons le monde, lui avec el món, ell amb el seu objectiu,
son objectif, moi avec ma voix jo amb la veu com eina.
Nous avons déjà un livre dans notre Ja tenim un llibre a la nostra alforja
besace et les images éveillent sa i les imatges li desperten
voix qui les épouse juliennement. la veu, unint-se julianament.
L'autre ami, je le connais si peu. L'altre amic, el conec tan poc.
Il est foeta et ne le sait pas. És foeta i no el sap pas encara.
Sa lumière emporte la voix La seva llum s'enduu la veu
des rhapsodes de mon île adorée dels rapsodes de la meva illa
Promeneur inlassable, il me montre adorada. Passejant tafaner, m'ensenya
le chemin de la vie. Silencieusement. el camí de la vida. Silenciosament.
lundi 17 octobre 2016
Un rire
et la découvrent. Un mot, ou deux,
je plonge aussitôt. Je ne la regarderai
plus. Elle a à faire. Et à lire.
Je revis son rire bref, comme les orateurs
anciens faisaient rouler les galets en bouche.
Peu importe la raison de cette brisure.
Elle est libre et signe
l'individu au milieu de la masse en mouvement
des clients d'une cafétéria ordinaire. Elle porte
un imperméable clair cintré. Je ne vous en dirai pas
plus. Il est seize heures vingt et l'instant s'installe.
dimanche 16 octobre 2016
Et si...
À la lecture d'un poème,
à un pastiche, une rare
performance.
Un spectacle lointain, déserté
par la pluie et les pleurs,
ravagé par la lumière aveuglante
de confessions intimes ?
Je n'y perdrais rien. Une fois prêtée,
la voix me reviendrait, plaisamment,
et je rirais volontiers de
l'apauvrissement
de sa digitalisation, bit à bit,
comme les cendres de l'ami couvrent
la silhouette du Dude du Big
Lebowski.
Si je prêtais ma voix, elle ferait
sourire, tout au plus, mes copains,
habitués aux facéties d'un orateur
déplumé.
Mais je me mentirais. La voix ne se
prête. Elle se confie ou se donne.
Un jour, aux vieux ne plaise,
je le ferai.
vendredi 7 octobre 2016
Patiemment
tendres de ma mère. En Lorraine, au Maroc puis dans
le Nord. Des volumes bon marché, aux reliures de verre
et aux pages grises, malodorantes et qui me captivaient.
À la différence des cahiers rose de l'hebdomadaire Elle
qui m'initièrent au corps de la femme et que je lisais
à la dérobée, je n'allais pas plus loin que les titres,
en remettant la lecture à des lendemains dont je ne savais
si la vie me les offrirait. Je sens l'heure venue.
Et patiemment je m'y engage. Après Bonjour tristesse et
le Rempart des Béguines, viendra la série des Claudine
de Colette. Un long chemin vers la libération de la femme
qu'elle connaissait par le menu mais dont, mère admirable
et épouse subjuguée, elle ne sut pourtant pas goûter les
fruits enfin mûris. Jusqu'à cet été d'une libération inattendue.
Une feuille de laurier
détachée de la couronne
divine. L'alpha et l'omega
d'une rencontre improbable
dont il aurait juré qu'elle
était le fruit de la fantaisie,
n'était l'amie fiable qui lui
avait confié son nom. Un petit
travail les avait rapprochés,
voici quelques semaines. La traduction
de huit poèmes d'un auteur de lui aimé
sans qu'elle n'en sût jamais rien.
Elle habitait loin, entre deux villes
dont elle ne parlait jamais. Elle aimait
la menthe poivrée, le silence et la pénombre.
Sa cuisine était voûtée, telle l'orbe d'un monde
en petit. Elle traquait la souffrance, la pressait
comme un citron avant de la crire sur le clavier
d'un vieux Mac barcelonais. Le travail bouclé,
il pensait ne plus la relire. Ou à l'occasion,
à Pâques ou pour la Trinité. Le temps les distinguait
bien plus fort que l'espace. Elle ouvrait les yeux à
la vie quand il revenait du collège sur un vélo aux
roues voilées. Et l'échange, étrangément, s'accéléra.
Les mots étaient brefs, allusifs. Un implicite naissait.
La collusion de l'assassin et de sa jolie mémorialiste.
D'elle, il avait appris l'accessoire, comme de l'État civil,
mais aussi l'essentiel. Des rencontres fortes et définitives,
deux enfants aux prénoms de fado et de fatum, qu'elle aimait
par dessus tout. Elle lui demanda de ramasser sa vie sur une
page de pixels, d'une langue convenue mais consciente de son
originalité. Il aurait pu l'aimer. Elle avait mieux à attendre.
Le soir tombait et le vent atlantique l'appelait.
La peine est bleue
La peine est bleue, le soir,
dans la lumière artificielle
du cosy. En feuilles d'acanthe,
en volutes sages et douloureuses.
Je ne le savais pas. Ai-je connu
la peine, latente, corrosive ?
Bien sûr j'ai été triste, triste à en
mal vivre. Mais peiné ? Je ne sais,
moi qui jamais ne fus femme ni mère.
jeudi 6 octobre 2016
La chemise
l'antique cathédrale. Elle marche vite et le trottoir
est étroit. Elle a quinze ans, ou seize, ses oreilles
sont cachées par de gros écouteurs roses, relief ultime
des peluches enfantines. Il fait encore chaud malgré
l'arrivée de l'automne et elle a noué autour de sa taille
une chemise blanche et noire aux motifs qui m'échappent.
Je n'en saurai pas plus. Pourquoi pensé-je soudain à sa mère,
au terme de la ville, lavant puis repassant la chemise nouée ?
Una mare
no la veus. Un sol implacable et
força a fregar els edificis foscos.
Mes en tornar a casa, t'adones d'un
silenci nou, fred i no pas tebi.
La gata no apareix per a festejar-te
o reprotxar-te l'absència. L'habitació
que t'has decidit a llogar és immensa.
Els llençols rebregats encara fan olor
de les rialles del fill estimat. Endreces
la casa, li dónes (amb diacrític) un caire
distint i igual. Com s'hi trobarà la noia
francesa que vindrà aviat? No pateixis, no
t'amoïnis. S'hi estarà bé. La mar de bé.
Com el fill petit a Terrassa. I ja veuràs
quan torni, aquest petit gran aprenent de
comediant, t'ensenyaràs coses i et semblarà,
encara més homes i valent. Xalaràs. I m'ho diràs.
dimanche 2 octobre 2016
Cum grano salis
de Silésie ou chipé sur le bas-côté
des salins d'Aigues-mortes.
Le plus beau des diamants sous le froid
microscope ou un escalier pyramidal dans
ta cité de verre.
Un grain pour bousculer l'ordre et briser
les échelles. Lilliput, montre-moi ta folie,
je m'y reconnaîtrai plus qu'un amant anglais.
Le cacher dans la poche du blouson, tout contre
la couture et, sans qu'elle s'en aperçoive, d'un
trait de plume, le déposer sur la lèvre inférieure
de l'unique. Le prisme pyramidal habitera alors
peut-être ses yeux et le bonheur t'emportera un
temps, un seul ; tout le reste importe peu.
A veure
si se'm quedarà un alè de vida potent.
De moment, bec de les seves paraules i
dels consells que em dóna l'amistat.
Amb accent, que en això s'equivoquen
els acadèmics. L'accent és de cor,
memòria i passat. Les generacions
futures donaran en present sense accent
individual. Potser. O no. Però no ens
el treuran mai i, si s'entesten, me'l
posaré circumflex: «Dôna». I a veure
si les dones em seguiran. Una, almenys.
Un bany
Un bany de tardor de dues
amigues, entre roca i ones.
No hi era. L'una d'elles me'l
contà amb una foto i onze mots.
Com un regal al món, una petjada,
dues, millor quatre, que la mar,
cobejosa de vida s'empassà, però
que l'amistat profunda em dugué.
Quelques vers pour mon ami Lionel
à boire les cailloux durs d'un poète de combat
au féminin si brun. Puis l'envie soudaine
qui se glisse cependant que le petit, à mes côtés,
mime l'écriture d'une pointe rose sur sa feuille
verte, avant de chaparder l'ultime flûte au fromage.
La tête me bat encore d'une soirée de cochonnailles,
vins et bourbons avec l'ami Lionel, primus inter pares.
Les mots chaleureux d'un présent encré de passé vécu
ensemble ou à distance. Le pudique côtoyait le graveleux
bon enfant. Que de rires et de devis sur fond de Marvin Gaye.
Bien sûr je pourrais vous en narrer le contenu dans le détail
mais ne le ferai pas, moins du fait des brumes croissantes
qui blanchirent la nuit noire que parce que l'amitié s'évoque,
se dit parfois, mais jamais ne se conte. Du moins n'ai-je jamais
su comment m'y prendre. Et qu'importe. En me lisant, lui saura.
Pour le reste, écran ouvert, à un bout de table, une maquette
de noir et de couleur attendait. Notre premier livre à deux !
jeudi 22 septembre 2016
La maison dort
Je suis le premier à me lever.
Le petit rêve encore, suçotant
le drap clair. La mère se repose
d'une vie de services bien mal
récompensés. L'air est frais,
le volet entrouvert laisse filtrer
la ville industrieuse. Les murs
sont blancs. Comme hier, comme il y a
quarante-six années, quatre mois et
bien des poussières. Que dorme encore
un peu la maison et me laisse écrire,
nostalgique, non tant d'un temps qui fut,
mais des bonheurs à venir et qu'il suffit
de cueillir dans la fraîcheur du matin.
Une mère en terrasse
Non pas. Et laissez-moi le croire, je vous prie
Quatre-vingt-six années et un jour pour se
retrouver dans le restaurant ombragé du figuier,
en terrasse, alors que s'impatiente l'automne.
Le repas sera frugal. De couleurs, de senteurs,
de surprises aussi. Le petit-fils ne tiendra pas
en place. On ne le grondera pas. Il y a mieux à
faire. Et toute une vie à retrouver. Et à continuer.
Sans-pareille
sur fond blanc, qui se combinent
et se multiplient avec de curieux
chapeaux. De gendarme ou de guingois
ou bien faucilles sous la courbe jolie.
Nous les usons tous deux à profusion,
toi bien plus que moi. De jour comme de
nuit. Multiple. Sans pareille. Je me voudrais
poinçonneur ou ciseleur pour pouvoir t'imiter.
Un aniversari
o un «anniversaire». Un «cumple»
perquè «no tienes nada con que
cumplir». Ets lliure. Un «anniversaire»
perquè no et dius Anna sinó Clara. Dia-
melic, dia-llombrígol. De mare a mare.
No hi seré, si bé el pensament m'hi durà.
Seran hores felices, entre les dues A de
la teva carn i somriure. Tan forts i clars.
El teu aniversari, a la mitjanit, s'acabarà...
Per a prolongar-se, com al món meravellós
d'Alícia. I serà hora que et vingui a visitar.
mercredi 21 septembre 2016
Neuve heure
Le soleil déjà haut, la nuit effacée par les textes
et l'angoisse d'un enfant au nom de prophète.
Le sommeil te tire en ses entrailles, tu lui tournes
le dos. Pas le temps, plus le temps. Le travail reprend
qui semble ne jamais avoir cessé. Écrire, écrire sans cesse,
et se renouveler. Sans se perdre. Sans te perdre. L'heure
est neuve à l'angle droit de l'horloge. Dossier inconfortable
pour qui voudrait s'y asseoir. Tes doigts cliquettent déjà,
je me tais.
Amalia
Je ne te connais pas mais ton œil d’enfant
me regarde, endolori. Angoulême,
engoulevent. Que le sel et l’iode atlantiques
sont puissants qui t’attirent à La Rochelle,
un dimanche sur deux, à cloche-pied.
Marelle. De la terre au ciel, une mère,
ta maman ne dort pas et écrit ta vie ,
dans des textes dissemblables,
sans rien en montrer. Une tapisserie
de la reine Mathilde ? C’est toi qui
me le dis ou moi qui me l’invente.
Et elle me parle de toi, tu le sais ?
dimanche 18 septembre 2016
Divagar
Per l'espai i per la ment, de nit,
després del sopar, quan ja es
perden les manetes d'or
dels rellotges adormits. Despertar
l'altre, en comptes d'acomiadar-se'n.
Perdre's pels camins, les voreres, la
ribera llefiscosa. Forçar l'idioma,
funàmbul entre discurs i llengua,
desig i moral. M'hi convides?
O t'hi invito?
Un cel de mel
Un cel de mel? A les fosques?
Impossible. La mel és lluna
casada amb sol.
Tss. Calla't i deixa volar el món.
Inventa't una conversa amb una
amiga desconeguda, o per
conèixer i aneu-vos-en, plegats,
per camins inviables fins una
platja de sorra fina. I de mel.
vendredi 16 septembre 2016
Retouch'mode
est un petit parallépipède de commerces
oubliés. PMU, boucherie, fruits et légumes,
ainsi qu'une curieuse mercerie, au lourd
rideau de fer, surmontée d'une enseigne
défraîchie mais qui a dû faire florès
en son temps : «Retouch'mode». Les écailles
de l'immeuble sont récentes, encore caparaçonnées
d'échafaudages. Une peau de nacre pour masquer
les errances d'un quartier à bout de souffle,
saigné de sa population. Il est huit heures
trente. Non loin, la sonnerie de l'école Annie
Fratellini a avalé les élèves éparpillés derrière
le grillage et le regard inquiet des mères voilées
en route pour LIDL. Une dame s'approche soudain
du rideau qu'elle soulève avec peine. Le chignon
ramassé trahit des couleurs lointaines, la blouse
est sombre, ajustée, et les lunettes, déjà perchées
au bout d'un nez court et épâté, anticipent les retouches
du jour, sous la lampe économe. Je n'en saurai pas plus,
la dame s'est émue de ma présence. Me prend-elle pour un
aigrefin aux maigres cheveux d'argent ou, pire, pour un
promoteur en mal de juteuses démolitions ? Elle est belle,
pourtant, à milles lieues des canons des magazines, cette
humble mercière qui, un jour, a posé sa machine dans un
quartier alors en devenir et, épuisée, par le glas lancinant
des jours maussades, s'y est enracinée. Memento vivere.
jeudi 15 septembre 2016
Trens
viatjar amb tren i fins i tot viure-hi.
Col·leccionava revistes, retallava cromos,
m'apuntava els rècords de les locomotores
BB. Passaren els anys. D'atzar orientat.
Gustós i sorprenent. I ara fa tot just un
any que visc, revisc i torno a viure aquella
fantasmagoria de la infantesa. Per a retrobar
els meus fills adorats.
mercredi 14 septembre 2016
Trésors de l'imperfection
des femmes défilent, un fusil
zébrant leur cœur et leur sein.
La scène est en Corée du Nord
qui, pareille à d'autres empires,
naguère, se croit en place pour
mille ans. Mais, regardez de plus
près, dans le détail. Nulle jambe
exactement parallèle aux autres,
ni même parfaitement raidie, nulle
expression identique du visage.
Délaissez le groupe et privilégiez
l'individu qui s'évade. Mille ans ?
Vaste fumisterie. Mais que de souffrances
au quotidien, sous la coriace pantomime.
Curiositats
i torno al català amb més
força. Que el trobo a faltar,
aquest mosaic de llengües,
cares i somriures. L'illa tan
estimada, el poble costaner
on un intel·lectual europeu acabà
la seva cursa, el cap i casal,
falsament massís, fet de pobles
i de barris on el vespre, amb vermut,
et convida a més vida, sempre. Moritz,
Damm o San Miguel, qu'importe le flacon...
Salvar la zanja
«Salvar la zanja», aquest és el castellà
que m'agrada. De mots, olors i remors.
El faig servir en sentit figurat, allunyat
que em trobo de les seves bases populars.
Penso en la màgia de la sala obscura en
silenci, en la rasa de foscor que ens separa
de la llum artificial de les paraules i dels gestos
dels actors. Un món en resum. Uns metres quadrats,
un parell d'hores. La vida en un mirall amb un accent
inconfusible. Fora de la sala, ben lluny de la rasa fosca,
hi ha un banc on la vida flueix igual i distinta, sense
entrebancs, sempre que la vegis amb ulls d'infant.
mardi 13 septembre 2016
Occitanejant
una lenga plan polida».
Bogeria de l'impuls, retardat
des de fa mesos. Els fitxers, els llibres,
les veus antigues. Res de mecànic. Rere
cada paraula, hi ha una persona ; joies
i patiments. L'aprenentatge és difícil.
Costa. M'ajuda un amiga que comparteix
el mateix projecte de vida. En sap molt
més que jo. Sóc un pirata. Quan em perdo
un mot, un gir, faig servir la llengua
estimada amb accent besierenc. No es deixa
enganyar mes el diàleg continua. D'aquí a
un parell de mesos, a veure si seré capaç de
xerrar, potser d'escriure. En llenguadocià, clar.
Un minut
al vespre, potser, he perdut el
sentit de les hores, l'alè el reservo
per a aquella que no conec i que em moro
per descobrir. Un minut, seixanta segons
d'ombra i remor de fulles. Després, el banc
la besada, el caminar lent d'una parella per
la ciutat coneguda. Els ocells han deixat de
cantar, ens observen. Després es volaran, lliures.
mardi 6 septembre 2016
Una llar de foc
en portava quinze a l'esquena,
com una motxilla barcelonina.
tot, dibuixant el seu propi humor
amb les paraules amigues, les rialles.
de roques, on vigilava la cocció de sípies
i d'altres coses que jo sé i no us diré.
mentre s'amagava el sol, deixant-nos
despullats dels vestits socials, gastats.
ja veia que se'n feia una llar que l'obria
al seu camí d'home. En el si del món.
dimanche 4 septembre 2016
Dia de cosinada, diada
Un dissabte, al setembre,
cosins, oncles i tietes,
tots aplegats al jardí.
Embogida, l'amiga riu i corre,
rere el cavall nan que dóna
voltes i més voltes a l'arbre
centenari. Silenci de les herbes
allargades que esperen el perruquer
de crins. Amor, confiança i harmonia.
samedi 3 septembre 2016
Ramsès et Trotsky
À ras le béton, le cul sur le gazon,
entre les oreilles de Khalid Location,
s'égrènent les minutes puis les heures.
Bruits de planches et de roulements.
Sans un mot, ou presque ils glissent.
Seuls ou en couples. Seuls les petits,
quelques grands aussi. Torse de sueur,
toujours de profil, Trotsky semble suivre
les lunettes à monture d'acier qu'il a
perchées sur son nez. Il croise, de dos,
Ramsès floqué sur un T-shirt trop large.
Un couple sort de lot. Sombre. Un seul
skate pour deux. La moitié de la tête rasée,
L'autre en amazone, elle glisse. En petites
foulées son basketteur la suit. Ils s'embrassent
à pleine bouche. La planche change de pieds.
jeudi 1 septembre 2016
Une personne
elle semble attendre, à l'heure
où nul ne vient ; son visage,
impénétrable, ne cille pas, elle
est tournée vers l'une des grandes
arches d'où viendra le matin et
où les Grands Magasins sommeillent
enfin. Une nuit à attendre, à vivre
aussi, dans le silence et l'écoute.
L'observation ne semble l'absorber,
tout mon contraire. Jeune, bien faite,
de longs cheveux châtains. La vie passe.
mercredi 31 août 2016
Une langue autre
au téléphone, son correspondant
vocifère, complice. Nobles
inflexions, une langue d'Afrique.
Subsaharienne, ajouterais-je, pédant.
La courbe de l'intonation ondule,
voisinant les hauteurs sans jamais
s'y résoudre. La baguette semble
tenue par le correspondant. Je ne
me retournerai pas, les laissant
dans un anonymat confortable. Pour
moi, car eux, de moi, ils se moquent,
tout à leur conversation. Qui ose penser
qu'il y a des langues supérieures aux
autres ? Celle-là, riche de sentiments
et de nuances m'est inconnue et ne fait
que mieux souligner mon inculture criante.
Et que belles sont les mouettes de la côte.
La table oblique
compagne à jamais d'un carré de
formica sombre que les éponges
ont sillonné de vaines glissades.
Il est minuit à Saint-Lazare.
Au loin, un pianiste d'un soir
enchaîne les mélodies, je suis seul
et heureux. Il fait bon, les balayeurs
ralentissent leur passage, tête basse.
À quoi rêvent-ils donc ? Moi, je ne rêve
pas, j'observe l'harmonieuse glissade
d'une trottinette qui vient puis s'en va.
De son cavalier, je ne retiendrai qu'un
mince collier de barbe et le fil blanc
d'un iPhone. Une heure coupée en deux
me sépare de l'ultime train de la nuit
et d'une marche rapide dans la nuit.
En son terme, l'un de mes fils. Adoré.
dimanche 28 août 2016
Amis
Que serais-je sans mes amis
qui m'enseignent la tendresse
sans jamais le vouloir ?
En nombre restreint mais que
je ne veux ni dénombrer ni
citer. Passent leurs visages,
nobles clichés d'un été, comme
une sagesse ancestrale pour un
lecteur insatiable.
vendredi 26 août 2016
Emmusé
sont les vers qui accollent les regards.
Elle fut muse durable, elle l'est restée
et quiconque découvrira un jour, au fond
d'un tiroir, le mince opuscule couleur de
coquelicot qui lui fut consacré par un homme
rondouillard à la barbe grêle, peinera à distinguer
les traits qui, jour après jour, nuit après nuit, dans
l'absence plus que dans la présence, inspirèrent
son trait plus que Misia pour Sert ou Picasso.
jeudi 25 août 2016
La dame au Monde
penché sur un journal que, lentement,
elle effeuillait. Je la voyais sourire
aux échanges que nous avions, mes compagnons
de fortune et moi. Je n'entendis sa voix que
quand elle crut que le train ne ferait pas halte
à Sète, son port d'attache. Sa voix était élégante,
les mots s'envolèrent et je retrouvai mon roman.
Quand elle descendit, elle me tendit les feuilles
du journal disjoint et par son regard caressé. Je
l'ouvris. À la page où Michel Butor nous quittait
pour toujours. J'étais entre Paris et Béziers.
Par la magie de cette dame, je me retrouvai soudain entre
Paris et Rome, représentant des machines Scabelli. En 1957,
deux ans avant ma naissance au monde qui n'était pas le sien.
Petite Ceinture
et d'acier rongé. Silencieuses, de nuit
comme de jour. Cathédrales circulaires
que je salue, seul, d'une rapide génuflexion.
Combien de Parisiens vous empruntèrent, de
l'humble demeure à la fumante fabrique.
Je surprends un trou dans le grillage mais
n'ai pas la force de mes enfants, pour m'y
hisser et percer, un peu, le secret de
Modiano. Alors je me rabats sur ces autres
voies et haltes désaffectées : la gare de
Reuilly, la coulée verte et je rêve, j'invente
cet autre monde, industrieux et gouailleur,
qui me fit, en partie, à grands coups de Carco,
de Fargues, de Malet et de Léautaud.
mercredi 24 août 2016
Des herbes folles ?
et les potagers qu'une main attentionnée cisèle.
Sœurs ébouriffées des plantes rudérales, leurs aînées
saxifrages, pour qui les constructions humaines, surtout
de grès, n'offrent qu'une défense illusoire. Herbes de raison,
pas folles pour un sou, vous êtes la vie, que chante votre
sève indomptable. Je vous caresse du regard. Reconnaissant,
courbant volontiers la nuque, jamais l'échine, et la relevant,
à l'improviste, à la dérobée, pour cueillir des yeux, sans jamais
le détacher, le coquelicot superbe et libre, mon Antigone à moi.
mardi 23 août 2016
Héllènes
si loin dans l'espace et dans le temps,
casqués d'airain, marquant les limites
de la terre plate, voisinant avec les
demi-dieux, proches et humains. J'y songe,
soudain, en m'éloignant de vous que je connais
à peine, que je ne connais pas, je songe aussi
aux animaux qui leur faisaient compagnie, à eux
et aux latins, leurs successeurs, ces ânes si doux
et si sages, bien supérieurs aux chevaux dont ils
faisaient leur monture, avant que le marbre,
à jamais ne les immobilise et ne me rende mon
sourire.
lundi 22 août 2016
Conventions
puis tutoyer dès que pointe l'intime.
La belle affaire, pacotille à deux sous.
Jouons à qui gagne perd, veux-tu et tutoyons-nous,
comme l'exige un programme incertain. Mais l'intime
proclamé ne vient pas et le danger s'annonce. Sous le
tutoiement, le fade et la grossiéreté. Débarassons-nous-en,
voulez-vous et parlons-nous de vous, la vie vaut bien cela.
D'amabam amari à amabo amare
Négligent de mes tendres, longtemps je fus
aimé pourtant et de l'être me satisfaisait
comme la grenouille s'enfle sous la flatterie
volatile. Amabam amari. Je ne sus pas rendre
ce que, spontanément, aimablement, on m'offrait.
Ma générosité était ailleurs. Tout au moins,
m'efforcé-je de le croire car j'avais le cœur
sec et la langue vipérine. Le temps a passé,
je goûte des plaisirs simples. Il est temps
d'aimer autrement, sans objet forcément, et
d'en faire mon guide : amabo amare.
Comme un nouveau flamine
Je ne vais à la plage ni éprouve les sentiers.
Je nettoie la voiture, range un brin la maison et
m'assieds à ma table pour écrire quelques mots.
Autrefois les flamines étaient de curieux prêtres,
au service d'une seule divinité, leurs ancêtres
soufflaient sur l'autel, d'où leur curieuse
appellation. Les siècles passèrent, les chrétiens
chassèrent les dieux mais les flamines demeurèrent,
pour un temps seulement. La charge était donnée à
des notables repus qui briguaient de la ville la
magistrature suprême. Je ne demande rien, ma terrasse
me suffit, mais d'être flamine un jour, la belle sinécure.
Histoires enchâssées
il en négligeait ses brebis et le chien
fidèle qui délimitait ses herbages.
Or il n'existait pour aucun des sens
de la belle, à la vue glacée, à l'ouïe
d'étoupe, à l'odorat de sel.
Désespéré il se pendit à l'arbre ombreux
que frôlaient ses moutons. Alors qu'on
le menait en terre, passant devant ses
fenêtres, Anaxarète ne cilla pas et le
lugubre convoi s'en fut. Choquée par tant
de froideur, Aphrodite la changea en pierre.
C'est à peu de choses près ce qu'une vieille
femme conta à Pomone, resplendissante nymphe
des fleurs et des arbres fruitiers que la vue
d'un homme jamais n'avait émue. Mais sous la vieille,
était Vertumne, la changeante divinité des jardins,
aussi candide au quotidien que rusée en ce jour.
Le masque tomba, les amants s'étreignirent, comme
l'orme et la vigne qui longeaient la prairie. Vertumne
n'était pas Iphis, ni Pomone la froide Anaxarète...
dimanche 21 août 2016
L'aplage
néologisme commode pour parler
de la plage devinée et à laquelle
on ne se rend pas. Le désir est là,
pourtant, mais le vent est fort qui
sculpte la côte et trouble la vue
et le livre m'attend qui déjà est cassé,
en son milieu. Lire, écrire, repousser
un temps la musique aimée. Cavalleria
Rusticana, la voix de Pépé réinventée
et le charme indolent d'août qui renaît.
Un échange
qui voudraient être partout. Deux personnes
qui ne se connaissent pas et ne se rencontreront
peut-être jamais. Froissement sec de la paille
dans la main. L'humanité passe. En une langue.
Des animaux. Beaucoup je crois, moi qui les
fréquente si peu. Saut dans l'inconnu. Un dimanche
en fin d'après-midi. Et le vent qui jamais ne cesse.
L'actor per antonomàsia
Una neu vertical: paret de calç i desitjos.
No hi sóc, em miro les fotos de l'acte.
Amb plenitud, rialles i parsimònia.
Conec bé el text, me'l va oferir na Fina,
un matí esplèndid de juliol. Amb l'autor,
comparteixo amistat i confiança en l'avenir,
mes el Toni, de moment, és una ombra fugaç
que persegueixo per la xarxa. Imagineu-vos
doncs un esquiador al melic de l'agost
amb bata d'infermer psiquiàtric i casc de pilot
a la Saint-Exupéry. Una bufanda vermella com
un desig de llavis clars i foscos. Pur surrealisme.
El públic fascinat. Si hi hagués xoriços, farien
el seu agost, robant rellotges i moneders. No els veig
però els imagino bocabadats. Un bon llibre, un gran actor,
l'actor per antonomàsia. A Pézenas, Molière belluga l'esquelet
i em pica l'ullet: «És dels bons, Michel, no ho creus?»