Je ne suis pas aimé, un temps je le crus.
Négligent de mes tendres, longtemps je fus
aimé pourtant et de l'être me satisfaisait
comme la grenouille s'enfle sous la flatterie
volatile. Amabam amari. Je ne sus pas rendre
ce que, spontanément, aimablement, on m'offrait.
Ma générosité était ailleurs. Tout au moins,
m'efforcé-je de le croire car j'avais le cœur
sec et la langue vipérine. Le temps a passé,
je goûte des plaisirs simples. Il est temps
d'aimer autrement, sans objet forcément, et
d'en faire mon guide : amabo amare.