J'avais pris le parti de laisser mon ordinateur
portable chez moi avant de partir pour Minorque,
laissant au hasard le pouvoir de me prêter un
support à l'heure d'écrire. La presse nationale
n'était pas encore parvenue au tabac de Fornells
quand je décidai d'y entrer. De rutilants carnets
m'y aguichaient, jouant de leur spirale complexe
ou d'une couverture plus brillante qu'un lac
canadien en hiver. Mon regard y glissa, j'avais
besoin de gagner une nouvelle confiance en retrouvant
l'écriture manuscrite. Sur la gauche, sous des enveloppes
cartonnées, un mince cahier à l'ancienne m'attendait.
Couverture bleu de France, feuilles quadrillées de violet
(trente). Porteur de la sobre mention «Cuaderno» en cursive.
Ce qu'il me fallait, avec un stylo bille frappé du nom de
l'île. J'en remplis le tiers. Le reste, à l'avenant.