samedi 6 août 2016

Marguerite Duras et ma mère

Et Duras m'a manqué, la divine, la capricieuse,
celle de l'Amant et des Petits chevaux de Tarquinia,
au rythme lent, aux thèmes ennuyeux, à la prose

envoûtante. Je préparais alors un concours que je
n'aurais pas, par paresse et par incompétence.
Ma mère ne le savait pas qui, en moi, avait déposé

la foi du charbonnier. En ce temps là, nul appareil
électronique, une simple machine à écrire de voyage
qui avait appartenu à mon grand-oncle, le poète.

Toucher gras du ruban Korès que l'on changeait et de
son odeur amère. Les Viaducs de Seine-et-Oise n'avaient
aucun secret pour moi pas plus que ce Square où je

n'avais jamais joué. Mais ma mémoire pouvait défaillir.
Alors ma mère, patiemment, sans trêve ni repos, retapait
sur des feuilles blanches, au format A4, les passages

que négligemment je lui montrais. Ah que je regrette
cette légèreté d'alors... Et l'hommage que lui rends ici
n'est rien à côté de l'amour qu'elle n'a cessé de me porter.