Elle était un visage noble et ridé,
penché sur un journal que, lentement,
elle effeuillait. Je la voyais sourire
aux échanges que nous avions, mes compagnons
de fortune et moi. Je n'entendis sa voix que
quand elle crut que le train ne ferait pas halte
à Sète, son port d'attache. Sa voix était élégante,
les mots s'envolèrent et je retrouvai mon roman.
Quand elle descendit, elle me tendit les feuilles
du journal disjoint et par son regard caressé. Je
l'ouvris. À la page où Michel Butor nous quittait
pour toujours. J'étais entre Paris et Béziers.
Par la magie de cette dame, je me retrouvai soudain entre
Paris et Rome, représentant des machines Scabelli. En 1957,
deux ans avant ma naissance au monde qui n'était pas le sien.