J'ai rêvé d'une ville atlantique,
au levant ou au couchant, une ville
sacrée, à l'amorce d'un estuaire,
avec sa pluie ventée, l'appel d'un
autre monde, la nostalgie des pas
laissés en arrière, le sel sous
la langue avant la soupe brûlante.
C'était une ville neuve, construite
après un cataclysme, lisse,
prématurément usée par la pluie qui
caresse les visages aimés, lissant
les rides et même les sourires.
Je l'ai rêvée et m'en suis fait écharpe
pour affronter la nuit. Dans mes oreilles,
sous un fil léger, des guitares, un accordéon
et des voix épousées d'éternels voyageurs
qui jamais ne se couchent et savent qu'il
est toujours, quelque part, une ville à rêver.