Je ne vous parlerai pas de celle qui le portait,
voici trois ou quatre ans. Elle vit dans le cœur
de ceux qu'elle a guidés.
D'elle, je ne connais qu'une photo discrète, un
instantané où elle ne pose pas. Elle est, et le
temps peut bien s'écouler, entre automne et
printemps. Sous une fine chaîne d'or qui barre
un chemisier sombre, elle porte un gilet épais,
fermé d'un gros bouton beige. Nul souci de plaire
ou de se faire remarquer. Le gilet délimite la
scène intérieure, dans une demeure où il ne fait
pas toujours chaud. La maille est serrée, les plis
s'y marquent sous l'épaule. En forçant le regard,
on croirait entendre la pendule au salon. Douceur
de la laine, buvard des confidences et de brèves
ou longues conversations. Tiédeur de la pelote qui
trouve enfin un sens au terme du tricot en enrobant
d'un voile clair la plus unique des humanités.