vendredi 8 décembre 2017

Quatre de sept

Le train avance, lent, lancinant,
seul mon dos en perçoit le tracas.

Le paysage s'est aboli, tout comme
mes compagnons de voyage. J'ai laissé

mes lunettes sur la tablette de formica
et mon portable dans sa besace. Sous

mes yeux, Margarit vit, dans le miroir
trompeur de l'expression première en

catalan et de l'auto-traduction en espagnol.
J'annote peu, je m'imprègne de ces mots dont

il dit qu'ils sont des roses coupées par ses
ciseaux rouillés. Ces roses dont le bouquet

m'est absent, je les présenterai à mes étudiants
dans une petite heure, déjà. Sauront-ils les apprécier

comme je les ai goûtées ? Plus bas, mes jambes sont
sages, tendues de toile de Nîmes sombre. La course

est pour un temps suspendue. Bientôt je m'élancerai
dans les rues, le sac sur le dos, les roses à la bouche.