à la mémoire de Claude R.
Chaque année, pour Noël,
comme un rituel désuet,
ma mère feignait de douter
à l'heure d'acheter un présent
pour sa meilleure amie. Et, à
chaque fois, c'était la même
explosion de joie, comme un trait
de génie : «Le dernier d'Ormesson !»
On s'empressait de gagner Privat,
au cœur de la ville ancienne qui
en tenait une pile toute prête,
gratifiant ma mère d'un sourire
à elle seule réservée. Longtemps,
je me suis demandé si le grand homme,
dans sa matoiserie, ne publiait pas
juste avant les fêtes afin de rallier
fidèles et incertains. D'Ormesson s'en
est allé rejoindre Claude qui l'aimait.