Que longue est la saison qui s'éteint au printemps,
on la nomme d'hiver, divers sont ses visages.
le vent est sa parole, désertes sont ses plages.
Et s'il m'était donné de revenir enfant,
on la nomme d'hiver, divers sont ses visages.
le vent est sa parole, désertes sont ses plages.
Et s'il m'était donné de revenir enfant,
c'est sur une banquise, que je le revivrais.
Il y a soixante années, devant la mer du Nord,
je souriais gelé, marchant dans le décor
d'un monde qui s'ouvrait et déjà m'enivrait.
La banquise n'est plus, ni les Trente Glorieuses.
Je glane de l'hiver tous les menus détails,
et, au fond de mes yeux, m'en façonne un vitrail.
Le vent emporte tout, dans sa folie furieuse.
Les pots, les fleurs, les dés, tombent sous sa morsure.
À l'abri de la vitre, je goûte ses gerçures.
© Gilbert Bourret