à toi, qui te reconnaîtras.
«Je voudrais finir le voyage avec vous...»,
l'expression me surprend d'autant plus qu'il
n'a même pas commencé. Nous sommes restés à
quai une petite heure, puis l'ordre est venu
de nous transborder alors que l'on venait de
nous compter comme ovins en foirail.
Assis l'un à côté de l'autre, le sociologue en
herbe et la vieille dame élégante avaient beaucoup
parlé. En profondeur. Ce qui n'excluait pas ce que,
sans les voir je prenais pour des œillades complices
voire mutines. Et les voici cheminant l'un à côté de
l'autre avec une lenteur et un détachement qui tranchent
sur la course hagarde de leurs compagnons. Je presse le
pas, non pour me fondre à la masse moutonnière, mais pour
les laisser en paix. Surtout ne pas les froisser par
l'impudeur de l'observateur opportuniste. En un temps où
je me pose beaucoup de questions sur l'amour, ces deux là,
éperdument, m'en ont effeuillé une jolie variante.