dimanche 14 décembre 2014

Train de nuit pour Lisbonne

Le livre est mince que je n'ai pas lu.
Les livres les plus précieux sont ceux
dont on repousse sans cesse la lecture

mais que l'on offre à ceux que l'on aime.
Sans jamais rien leur demander. Il m'a suffi
de voir la couverture, fraîchement déballée,

sur le marbre du bar pour savoir que ses pages
nous liaient. Derrière la pierre de vie dressée
est la tasse mousseuse, non encore entamée.

Le café refroidit et pourtant tu as choisi d'en
différer la dégustation pour m'offrir cet instantané,
tout comme je diffère ma lecture en t'offrant ce mince

volume. Hier j'ai relu les poèmes des trois derniers
mois. Tu y étais présente. Les accidents de la vie s'en
étaient allés et les mots restaient. Pour quelque temps.

Je relis peu mes vers. Par hasard où pour préparer une 
refonte ou une - rare -édition. Comme s'ils étaient ce livre
que je ne lis pas et ne cesse d'offrir à celle que j'aime.