Je suis né dans une ville qui n'a plus de nom,
une autre s'en est repue où s'appontent les pétroliers.
Est-ce pour cela que je suis sensible aux villes sans nom
ou aux noms volés ou oubliés ? Celleneuve de Léo Malet, Es
Castell où je ne trouve plus aucune mention de la Villacarlos
de mon adolescence. Je pense aux escargots qui se dessèchent
derrière les plaques indicatrices des communes. La vie se meurt,
elles demeurent. Un jour viendra cependant où le bulldozer les
renversera. La Cette de tes ancêtres brutalisée en Sète pour ne
pas faire doublon avec le démonstratif, comme si une confusion
pouvait être envisageable, gratte à ma porte et le Bar'à Lire,
mémoire inattendue, garde en son sein, tout contre les toilettes
des rues où s'étale le nom vénérable et véritable. Déployez vos
ailes, villes sans nom et laissez-moi la vie, qui n'en a pas besoin.