Les tableaux peuplent ma tête,
mais je vais peu au musée. Je lui
préfère les hasards de la ville,
les coins de rue, les marchands de
marrons. Un ami cher me dit à peu près
la même chose. De passage dans une ville
méditerranéenne, il renonce au musée et
gagne un vernissage en clandestin, chapardeur
de pistaches et de vermouth. C'est là qu'il
la rencontre, celle dont il ne connaît ni la
langue ni le passé. Nous la nommerons Béatrix.
Des heures les attendent, ils ne le savent pas
encore, eux qui frôlent flûtes et regards. Que
l'air salin vivifie quand la nuit se fait d'encre
et que les horloges perdent leurs aiguilles d'or !