lundi 8 décembre 2014

Le bruit des tasses

J'aime les croissants parisiens,
leur mie odorante et le café brûlant
mais plus encore j'aime les cafés,
à toute heure.

Tôt le matin avec les représentants à
la tenue empesée, ouvrant leur tablette
pour regarder chiffres et tableaux. Le midi
quand l'afflux

soudain de convives me confine à un bout
du bar, l'après-midi à l'heure creuse, quand la
musique s'émaille de bruits de tasse plus clairs
que partout ailleurs.

Je me terre, me fais oublier, j'écoute l'accent
pointu en ricochet sur les nouvelles du jour et
le garçon qui débite d'une voix métallique les
commandes

pour le menu du lendemain. Pour mardi, ce sera
des émincés de poulet. Je n'en saurai pas plus ni
ne les goûterai jamais, mon train sera en partance.
Qu'importe,

des gens se réchaufferont à leur parfum, inconscients
de cette discussion apparemment anodine que j'eus
la chance de chiper une après midi du huit décembre
deux mille quatorze.