Cueillir la ville,
des fleurs de béton,
pour toi qui ne la
connais pas.
Suivre la rape lente
des voitures sur l'asphalte,
s'emplir l'ouie de mots neufs
de la langue connue,
traquer l'humanité, clochard
terrestre, le sac sur le dos.
Délaisser l'appareil et ses
pesants objectifs,
mémoriser chaque détail et
s'en faire un potage tiède
pour les soirées d'hiver.
Cueillir,
oui : cueillir, et ne jamais
s'en lasser. Sant Andreu,
Porta, Vilapicina... Que d'amours
croisés
et de peines frôlées. Les bureaux
de vote ont fermé, démocratie
tranquille. Can Fabra et son petit
musée.
Le Boca & Boca et ses seiches
persillées. Les seaux de Moritz
à peine entamés. Deux langues
épousées
et qui en moi se mêlent, intimement
et à jamais.