(petite poétique des limites)
Pousser la marche, oublier les chemins appris,
longer la roche où pousse l'herbe mais plus
le béton. Fermer les yeux, funambule sur le pont
en réfection.
Laisser sans regret la Vieille Trinité où est, cachée,
la prison des mineurs. S'arrêter un instant près de
la Maison de l'Eau. Dégringoler la rue en pente
dans cette Trinité Neuve où les balcons s'ennuient.
Saluer la marchande des quatre saisons
et le Pakistanais qui met en broche la viande à rôtir.
Se laisser pénétrer par les marges multiples du cœur
de ville sans cesse repoussé. Classes, ethnies, langues
histoire,orographie. S'arrêter enfin au cimetière de
Saint-André, y recevoir l'appel de l'ami cher et, en
cinq minutes, décider d'un livre sur la ville en ses marges.
Ainsi conçois-je la marche poussée. Et le hasard orienté.