à José Luís Guerín
L'homme parle au loin, devant un écran gris.
Sa voix, chaude, trébuche parfois sur un mot
saugrenu dans sa langue seconde.
La salle, attentive, n'est plus qu'un cliquetis
qui tranche avec les nuques patiemment courbées.
Sur ma droite, une main gauche court toute en
rondeur sur un mince carnet. Vagues bleues, de
ligne en ligne, pareille à cette mer qui nourrit
chichement le quartier chinois. Des impressions
notées, je ne saurai rien. Tout juste apprendrai-je
dans le pétillement d'un regard que le réel peut être
beaucoup plus généreux chez un orateur qui fait son cinéma.