vendredi 12 octobre 2018

Écritures

à José Luís Guerín

L'homme parle au loin, devant un écran gris.
Sa voix, chaude, trébuche parfois sur un mot
saugrenu dans sa langue seconde.

La salle, attentive, n'est plus qu'un cliquetis
qui tranche avec les nuques patiemment courbées.
Sur ma droite, une main gauche court toute en 

rondeur sur un mince carnet. Vagues bleues, de 
ligne en ligne, pareille à cette mer qui nourrit
chichement le quartier chinois. Des impressions

notées, je ne saurai rien. Tout juste apprendrai-je
dans le pétillement d'un regard que le réel peut être 
beaucoup plus généreux chez un orateur qui fait son cinéma.