La mer n'y pouvait rien.
Elle nous tournait déjà le dos.
Nous avions roulé sur le sable
et nos corps se délassaient du
plaisir soudain. Alors tes doigts
se prirent au filet des algues
brunes qui séchaient. Tu te sentis
emprisonnée ; d'une caresse rapide,
je te libérai et nous roulâmes.
Encore. Le soleil avait disparu
derrière les dunes et l'ombre
s'endeuillait. La faim nous prit.
Nous étions seuls au monde, les
vendeurs ambulants avaient déserté
la grève ; nous nous mangeâmes de
baisers. Le soir avait goût de sang
et de salive. Nous nous endormîmes.
Au matin, la mer s'en était allée.