Je les aime bien, moi, ces plantes
dont personne ne veut et qui signent,
par leur présence, l'abandon de lieux
autrefois aimés et promis à la démolition.
Bien loin de l'ordre impeccable des fleurs
coupées en bouquet, elles poussent hirsutes,
tendant leur tige vers le frôlement inconscient 
des voyageurs pressés, dans leurs  manteaux 
engoncés. Leur vert se teinte du gris du ciment 
qui, peu à peu, se désagrège et de la terre qu'elles
recherchent, nostalgiques. Je les salue à chaque
fois d'un discret mouvement de tête, reconnaissant
à leur présence banale et singulière à la fois,
qu'il n'est de construction humaine dont le temps,
inclément, ne vienne un jour à bout.

