Je n'y pense pas, je le pense,
je le façonne dans l'absence.
Le bout des doigts dans la glaise.
Tiédeur des premiers baisers, long
tremblement de désir tout contre
la fontaine, sur l'esplanade,
soleil volé. L'absence est morose
et la langue est si pauvre. Alors,
je choisis de te penser. Puis de
te parler. Non pas de converser
avec toi, mais de faire de ton corps
une langue neuve et belle où chaque
inflexion a le tremblement de ta peau
quand le matin tarde et que la froideur
soudaine du lit te conduit, enchiffonnée,
à remonter un peu le drap, aussi blanc
que la nappe qui unit les convives d'une
improbable noce. Te penser, te parler,
t'étreindre alors que tu es encore si loin.
Le beau programme me suffit. Déjà l'express
chauffe et vers ta pensée doucement me conduit.