à mes amis Pons, Ponç et Joan,
veilleurs infatigables.
On me croit audacieux, je ne le suis pas.
Je porte en moi, depuis l'adolescence,
un mot à consonance d'oiseau, «audax».
L'audacieux, cynique et triomphant,
à la fois répugnant et secrètement envié.
Il dort entre les pages de mon Gaffiot,
dont il ne sort que quand me prend la folie
d'en renifler le texte. Alors Cicéron, d'un
bond, me rappelle combien ma langue est pauvre
et bien peu audacieuse. Mais quand j'apprends
que l'un de ces hôtels qui dénaturent mon île,
à Cala Galdana, s'appelle «Artiem Audax»,
alors mon sang ne fait qu'un tour et je songe,
nostalgique, au temps où elle s'appelait Nura,
du feu sacré de ses Phéniciens navigateurs.