Sage folie, douce folie.
Mes mains, patientes et
attentionnées, massent
ton mollet droit que le jour
avait froissé. Nulle parole.
Courbé vers toi, je masse
le muscle, comme qui pétrit
longuement le pain avant de
l'enfourner. Distance proche.
Union des peaux. L'huile de
massage emplit les sillons
de mes doigts et s'imprime
sur ta peau si fine. Soudain,
mes mains m'abandonnent et,
se détachant du poignet grêle,
elles se mettent à danser comme
oscillent en cadence les ailes
d'un papillon amoureux. Reflets
moirés. Brillant du mat. Le silence
s'émaille de mille sons et les cloches
tintent, sonnailles et bourdons.
On bat la campagne et le peuple accourt.
Tu ne sens plus ton mollet et m'invites
à ton côté, folie sage, folie douce.