à mon frérot Alain
Je ne vendrais pas mon âme
pour un plat de lentilles,
ni celle de mon frère aimé
qui descend la France sur
les routes enneigées. Mais
j'aime préparer des lentilles
vertes. Faire blondir l'oignon,
grossièrement tranché, jeter
les légumes secs, tel un marchand
de sable à la petite semaine, étranger
au jour et à la nuit. Les voir danser
dans l'eau brûlante, se gonfler, irisées.
Rajouter de l'eau chaude, pour ne pas
couper brusquement la lente cuisson.
Introduire le lard ou la ventrèche,
la saucisse trapue de Morteau ou les
fines Montbéliard fumées. Laisser le tout
s'assoupir et boire l'eau, jusqu'au repas.