La nuit est d'encre et les corps s'endorment.
Aveugles, des voix échangent, lentement.
Silences, phrasé grave, rires aigus. L'anodin
prend des teintes d'acajou et de vin d'Arbois.
Le grain des voix qui alternent fait songer à
un sable un peu grossier que l'on ferait glisser,
entre ses doigts, sous l'eau froide d'un griffe.
L'essence s'y glisse, vouivre insaisissable et
les êtres, appariés par l'échange, plongent,
tour à tour, leur main dans le froid gravier
vivifiant. Les empreintes s'émoussent et les
pulpes, déjà, se cherchent et ne se lâchent plus.