Elle a délacé ses minces sandales,
et se masse les pieds épuisés par
la lente marche des semaines.
Le jour est en son terme, à l'est
de l'île où il était né, voici
quelques heures.
Le sable blanc s'est grisé, il gagne
lentement en fraîcheur. La mer, étale,
le lèche, impatiente de tes pieds
qui tardent à s'immerger. Tu marcheras
un brin, je n'en sais rien, la figure
m'en est offerte, d'un coup vif.
Marche malhabile ; à plusieurs reprises,
tu manqueras tomber et mouiller ta robe
bleue au sel des siècles partagés.
De ton retour, des sandales à nouveau
lacées, je ne saurai rien, mais je garderai
à l'esprit et au cœur, la mer, si timide,
la mer, la mer toujours recommencée...