La nuit est en son cœur
et le sommeil s'en est allé.
La pluie à gros grains, chauds
et lourds, s'est arrêtée. L'air
est sonore et ne bouge que peu.
C'est l'heure des courses ultimes
pour les taxis épris d'absolu. Si près,
derrière des vitres sales, les alcools
forts attendent ceux qui ne se reconnaissent
plus dans le corset étriqué des douze heures
sociales. Le livre m'attend, odorant, orangé
en ses marges et serré en sa tranche. Et pourtant,
c'est vers toi que je me tourne, encore si loin, dans
les terres et le sommeil. Je rêve de plaisirs simples,
d'un onglet partagé, de vin frais et de devis, de tes
lèvres aussi. Le temps nous est compté, la nuit avance,
tu dors. Bientôt les arroseuses, bruyamment, te réveilleront,
avec toutes ces bennes égueulées par les immondices d'été.
N'était ce cahier, hâtivement noirci, je ne me souviendrais
plus de ces heures passées à patiemment t'évoquer.